Dispose-t-on aujourd’hui d’un système mondial d’observation du climat ?
Autres réponse de: Serge Planton
L’abondance et la diversité des systèmes d’observation existants ne doit pas faire illusion : le système d’observation actuel de la Terre est incomplet et sa continuité est loin d’être assurée. Ce système tend à se dégrader dans certaines régions du monde et de manière générale, il n’a pas été conçu afin d’observer le climat de la Terre. C’est un système composite, combinant l’ensemble des systèmes d’observation définis, développés et maintenus à d’autres fins que l’observation du climat.
La perception de l’importance du climat et d’un changement climatique d’origine anthropique est récente. Elle est postérieure à l’établissement progressif de systèmes d’observation variés qui répondent à toutes sortes de besoins et qui ont été construits sur une base nationale ou, au mieux, régionale. D’autre part, l’observation de l’ensemble des paramètres du climat mondial ne peut résulter que d’une concertation mondiale. Le système actuel d’observation du climat se constitue dès lors par la juxtaposition et par l’intégration progressive de ces systèmes indépendants. Cette intégration est favorisée par la définition de variables climatiques essentielles et par la publication de « normes » de qualité et d’objectifs d’amélioration sous la responsabilité du GCOS (the Global Climate Observing System).
Plusieurs instances internationales unissent leurs efforts pour tendre vers un système mondial amélioré d’observation du climat. Le GCOS en fournit le fondement scientifique grâce à une concertation internationale, au sein de groupes de travail spécialisés, et grâce à la discussion ouverte de ses rapports d’évaluation et de ses plans de mise en œuvre. L’Organisation météorologique mondiale (OMM, en anglais WMO) fédère l’ensemble des services météorologiques (et parfois aussi hydrologiques) nationaux du monde (191 membres). Elle organise la cohérence des systèmes d’observation et la distribution des données. Par ailleurs, le CEOS (Comité des satellites d’observation de la Terre) fédère l’ensemble des agences spatiales qui mettent en œuvre ces satellites. Ce comité s’efforce d’avancer vers un système spatial amélioré qui réponde à des standards de qualité et qui produise des données dans des formats homogènes. Il cherche à éviter les duplications et à favoriser la complémentarité des satellites conçus d’abord pour répondre à des intérêts ou à des besoins nationaux.
D’autres institutions internationales poursuivent des objectifs analogues en matière d’observation des océans ou des surfaces continentales. Au sommet de cette pyramide institutionnelle figure le Groupe d’observations de la Terre (GEO) auquel adhèrent 88 pays et la Commission européenne ainsi que 67 organisations participantes internationales. Créé en 2005 pour une durée de dix ans, le GEO a pour objectif de former un Système de systèmes d’observation de la Terre, au plan mondial, qui comprenne l’ensemble des systèmes d’observation individuels. Le GEO promeut la coopération internationale, la distribution libre et rapide des données, et la réponse aux besoins des utilisateurs et de la société. Parmi les neuf applications d’intérêt sociétal classées en priorité par cette institution figure évidemment le climat.